Etape 8
Écrit par Stéphane Hamard   
21-01-2014

Ce matin, la météo n’est pas terrible, mais c’est vrai qu’on est à près de 4000 mètres, c’est froid et humide.

En enfilant mes bottes ce matin, je comprends vite que la journée va être infernale, j’ai super mal au pied.

Au départ de la spéciale, c’est encore le Président qui vient nous saluer, étonnant de disponibilité. La piste nous conduit sur des enfilades de rio, avec pas mal de sable mou assez difficile. C’est même un calvaire puisque je ne peux plus passer les vitesses, qu’avec le talon… J’essaie d’éviter au maximum les changements de vitesse, mais dans ces rios de sable mou, les relances sont permanentes. Du coup, je me plante de nombreuses fois, et je subis grave !! Au lieu de traverser le salar d’Uyquni, le plus grand du monde, on le contourne, car les conditions météo font qu’il n’est pas assez porteur, c’est en gros un marécage géant ce matin !! Ca rallonge la spéciale, et ça rallonge mes souffrances. Je ne peux plus poser le pied gauche à terre, et je dois « repérer » le sélecteur pour le remonter avec mon talon à chaque fois ; c’est invivable ! Je me fais doubler toute la journée, je dois prendre mon mal en patience. La piste me semble interminable, et je subis tous les trous importants comme un calvaire; Je ne suis pas sorti d'affaires ! Au CP3, je vois un tango de médecin, et leur demande un calmant tellement ça me lance dans le pied !! Je sens les battements de mon cœur au bout de mon orteil, infernal ! Ils me donnent 4 cachets, mais ça ne me calme pas terrible.

Je termine la spéciale dans la douleur, et je sais que c’est aussi une très mauvaise journée au niveau classement. Pas tant pour le classement proprement dit (car ce n'est pas ma préoccupation), mais plutôt pour le fait de devoir partir demain derrière des concurrents moins rapides habituellement, et qui me feront prendre encore des risques supplémentaires pour passer leur "poussière".

Je passe la frontière Bolivo-Chilienne, avant de reprendre une liaison de plus de 200 Kms sur des pistes minières. Le soleil est encore puissant, et c’est sans doute avec la combinaison de la fatigue liée à la douleur que je vis une hallucination : en pleine ligne droite, sur un faux-plat en montée, j’ai l’impression de littéralement décoller comme à bord d’un avion ! Pendant une fraction de seconde, j’ai perdu le contrôle, et j’avais l’impression d’être dans les airs ! C’est très impressionnant et ça m’a donné un « haut le cœur » terrible !

Arrivé péniblement au bivouac, je hurle de douleur pour enlever ma botte, ça ne s’améliore pas. Heureusement, le poste médical est juste à côté du camion des malles, et c’est « à la  morphine » que les médecins calment ma douleur. En fait, en analysant la situation, on se rend compte que ma botte a résolument un défaut et que ce ne sont pas tant les ampoules qui sont en cause, mais un appui permanent sur l’ongle du gros orteil qui est à l’origine de mon malheur. Je me mets donc en quête de bottes plus grandes, et spontanément, c’est mon pote Crocket qui se propose de me prêter une paire de rechange qu’il a, en taille 45 !! Là-dedans au moins, je ne devrais pas être serré ! Je prévois 2 paires de chaussettes et le tour est joué !