Etape 3
Écrit par Stéphane Hamard   
21-01-2014

Ce matin, encore un départ matinal à 4h30 !

Première liaison de 292 kms, avant d’attaquer la spéciale de 373 Kms.

Sur le départ de spéciale, je me présente 3 ou 4 minutes avant mon heure, mais les « pré-filtres » m’indiquent que ce n’est pas encore mon tour. Bon, je suppose qu’ils ont décalé le départ de 5 minutes, ça arrive quelquefois. Puis, des pilotes qui me semblaient derrière moi hier au classement prennent le départ, je commence à m’inquiéter… Surtout que l’officiel du départ me fait de grands signes de loin, et hurle mon numéro ! Ils se sont loupés, je prends le départ avec environ 3 à 4 minutes de retard, damned, je suis énervé ! Le début de la spéciale est très défoncé, dans une succession de pistes à flanc de montagne. Surtout garder son sang-froid, même si ce n’est pas facile de se retrouver derrière des quads qui vous font une poussière monstrueuse alors qu’ils auraient dû partir après moi… Je roule sur un gros rythme et double déjà 5 ou 6 motos, mais je me mets en danger ; Je me rattrape d’extrême justesse sur une saignée au bord d’un gauche qui se referme grave ; la moto est saine, l’amortisseur a très bien encaissé le changement de cap à la roue arrière, et je m’en sors avec une belle frayeur. Mais ce fût de courte durée : sur un quad qui me fait une poussière de folie, je vais trop près et ne vois pas une crevasse sur la gauche, je glisse dedans et me fais éjecter sur le côté. Bing, le casque a bien reçu ! Pour ne pas perdre trop de temps, sitôt remonté sur la moto, je continue sur le côté de la piste, en espérant pouvoir remonter un peu plus loin… Mauvaise pioche ! Impossible de remonter, la falaise ne fait que s’accentuer… Du coup, je dois faire demi-tour, et revenir au point de sortie de piste pour la rattraper. En même temps, je vois les mecs au-dessus qui me passent tranquillement sur la bonne piste, grrrr, ça m’énerve encore plus !! Dans ces montées et descentes de cols défoncés, globalement, on grimpe en altitude, jusqu’à se retrouver à plus de 4000 mètres, pour des « montées impossibles » ; L’itinéraire devient vraiment très compliqué, sur du hors-piste dangereux à flanc de falaise, ou des successions de crêtes angoissantes. Lorsqu’on redescend sur des rios encaissés, il faut veiller à  bien observer pour ne pas se faire piéger par des bourbiers formés par les pluies récentes. Bref, c’est très éprouvant, et on passe vraiment dans des endroits improbables, avec un passage dans des pierriers montagnards de folie, ou des portions de grosses pierres genre ardoise glissante qui ne pardonne rien !! J’imagine déjà beaucoup de dégâts dans des chutes assez dangereuses. Sur un franchissement en crête dans un pierrier aux cailloux assez gros, après 2 tentatives, je finis –heureusement- d’extrême justesse, avec la dernière phalange sur l’embrayage, à bout de force !! Bref, ça passe, mais de justesse. On redescend ensuite dans une vallée par une piste sinueuse au dénivelé important. Ca dure si longtemps que mes mains sur le guidon chauffent (!!) et mes cuisses également, tellement il faut tenir l'équilibre en freinage en permanence.... Pour finir, les 20 derniers kilomètres sont très rapides sur une piste large qui permet de se défouler, à fond.

Ce soir, c’est une étape « Marathon », c’est-à-dire que les assistances ne sont pas permises. Nous sommes isolés dans une caserne, et tous les pilotes motos doivent faire la mécanique uniquement avec les pièces et outils qu’ils ont sur eux. Bon, pour nous les pilotes du « camion malles » -sans assistance donc-, ça ne change rien à l’habitude, et nous sommes plutôt ravis de voir tout le monde à la même enseigne ! On nous donne tous un « kit », nécessaire de toilette, chaussettes, polaire etc pour passer la nuit dans un dortoir finalement beaucoup plus confortable que mon tapis de sol dans ma tente étriquée…

Depuis plusieurs jours, j’ai quand même un souci au pied gauche qui me fait mal dans ma botte. J’ai plusieurs ampoules et c’est très douloureux. Bizarre, ce phénomène d’ampoule, que ce soit aux pieds ou aux mains, touche pas mal de monde. Même Cyril DESPRES a les mains meurtries. Sans doute la chaleur et l’humidité extrêmes de ces derniers jours.