Etape 14 : Pisco – Lima / 283 kms
Écrit par Stéphane Hamard   
18-01-2012

Même si ce ne sont que 33 kms, c’est une vraie dernière spéciale de Dakar, avec du fesh-fesh (jusqu’au bout David Castera !!) et des dunes cassées. Bizarrement, ce qui n’est pas habituel, ce matin de Dimanche final, personne n’est totalement libéré… Déjà parce que n’importe quoi peut arriver ; et à fortiori sur une petite section qui ne laissera personne tranquille avant la ligne d’arrivée. Sur la liaison de 134 kms ce matin, ce qui frappe, comme depuis 4 à 5 jours, c’est la foule présente sur le bord ! J’exagère des fois, mais là, je peux vous garantir que l’événement Dakar captive tous les Péruviens et on ne compte plus le nombre de drapeaux Rouge et Blanc qui s’agitent. Tous les spectateurs vous demandent de vous arrêter pour se faire prendre en photo avec un véhicule ! Parfois à l’arrivée des villes, les feux rouges sont un vrai spectacle ! Les policiers pourtant fort nombreux sont dépassés par la foule qui veut un autographe, une photo, un regard etc, c’est de l’hystérie.

Pour cette spéciale, nous partons toutes les 30 secondes 2 par 2, autant dire que sur 30 kms, ça va labourer les pistes !! Mauvais point, j’ai négligé de bien préparer mes lunettes et j’aurais dû changer mon écran iridium pour cette portion où la poussière va lever en permanence. A l’arrivée des premières petites dunes, la poussière d’un quad passé depuis pas longtemps n’est pas encore retombée et je galère un peu à apprécier la profondeur et la teneur des descentes ; Résultat, je me fais doubler par 2 motos, et même si l’envie me prend, je reste calme et me dis qu’il peut arriver encore bien des choses…. On passe par une super descente de fesh-fesh (la dernière hein ?!!) et même des pistes entrecoupées dans des collines, ça se croise déjà !! Amusant de constater que même sur les 30 kms, des mecs vont se paumer ; Bon ok, pas longtemps. C’est plutôt la fête de mettre du gaz un peu n’importe comment que l’angoisse de se perdre !! Enfin la plage d’arrivée avec une longue succession de whoops géants et une clameur incroyable de la foule dense qui balise les derniers kilomètres.

Et voilà, la ligne d’arrivée de la spéciale est franchie… J’ai la chair de poule, la pression tombe et l’émotion monte. Tant de souvenirs, tant d’instants magiques, tant de souffrance, tant de folie humaine, tant d’intensité….. Et finalement tant d’émotions.

« Faire vibrer ceux qui partent, Faire rêver ceux qui restent » : la maxime est plus que jamais vérifiée.

Dernière liaison de 120 kms pour arriver sur le podium de remise des trophées sur la place d’armes à Lima, lieu de résidence du Président qui viendra nous saluer. Depuis ce matin, les ponts qui passent au dessus de la route de liaison sont envahis de Péruviens. Les abords de l’autoroute sont noirs de monde, c’est la folie. Dans le centre de Lima, difficile de vous décrire la ferveur populaire, au milieu des rues bloquées pour et par les spectateurs. Des kilomètres et des kilomètres d’ovation, la chaleur humaine des Péruviens fait plaisir à voir.

Sur le podium, je reçois la médaille du finisher (55ème au scratch - 9ème  Français) et surtout le trophée du vainqueur des pilotes « sans assistance » ! Du grandiose, je n’aurais osé l’imaginer, je suis comblé de bonheur. J’ai gagné la reconnaissance de tout le parc des concurrents. Je partage avec soulagement cette distinction avec l’ensemble des motards « sans assistance », Hugo, Pierre et Yannick. Nous sommes les 4 rescapés de cette catégorie « hors norme » et dans l’esprit originel du Dakar.

Mise des motos en parc fermé, nous sommes ensuite littéralement « pris en charge » par des gardes du corps pour regagner un espace sécurisé (!!) tellement les Péruviens sont enthousiastes, du délire je vous dis. Le relais est ensuite assuré par la Police avec les boucliers anti-émeutes !!

Les radios, télévisions, journaux, veillent recueillir l’émotion et le récit « des guerriers qui portent le trophée » !! Je suis même reçu par Mr l’Ambassadeur de France au Pérou dans sa résidence de Lima qui, comme tous les Péruviens, est très enthousiaste par l’événement.

J’ai vécu le périple comme un défi permanent tous les jours, ralliant l’Atlantique au Pacifique dans une course de fous. Je suis aussi d’autant plus satisfait que j’ai réussi en motard seul, sans assistance, et que je n’ai pris aucune pénalité sur ces 2 semaines de course. Carton plein et mission accomplie.

Fin de l’histoire, je suis venu chercher l’impossible sur la plus dure course du monde ; Je suis comblé, et fier d’avoir vaincu.

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