Etape 12 : Arequipa – Nasca / 504 kms
Écrit par Stéphane Hamard   
18-01-2012

2ème journée au Pérou. Cette étape comporte beaucoup de dunes, et c’est toujours un peu l’angoisse d’affronter des ergs où la navigation est toujours délicate et les pièges qui bouffent beaucoup d’énergie nombreux. D’autant plus qu’aux vérifs à Mar Del Plata, j’ai eu l’indiscrétion de Gaël ROBIC qui m’a glissé que « LA journée, c’est la 2ème du Pérou » !! Glups.

Ce matin, après la longue liaison, nous avons un peu de temps avant d’attaquer la spéciale, au point essence de l’orga. Ce qui accapare les conversations, c’est le duel psychologique que se livrent les 2 champions Desprès et Coma. Chacun évite consciencieusement de croiser l’autre, parfois l’un cherche l’autre du regard, le moment est intense. Ces 2 champions d’exception ne doivent négliger aucun détail pour gagner un tel événement ; Et la bataille se livre aussi parfois avant le duel des pistes. La tension est palpable. Au moment où ils sont appelés au départ, Cyril d’isole avec Ruben Faria et Marc Coma avec Johnny Aubert, chacun pour donner sans doute quelques consignes de course, ou de stratégie de journée je ne sais.

Après un hors piste en début d’étape, nous faisons une vingtaine de kilomètres sur la plage, gaz en grand mais avec toute la prudence qui s’impose car l’Océan envoie par moment des vagues qu’il faut à tout prix éviter ! On sort de la plage par une montée impossible ! Ben oui, il nous l’a fait ! Malgré qu’il nous ait prévenu la veille au briefing qu’il fallait s’attendre à tirer des bords dans la montée infernale, je m’applique mais il me faut m’y reprendre à 3 fois avant de grimper ! Beaucoup de pilotes ont coupé trop tard sur la plage et se retrouvent à faire hurler les moteurs dans une section impossible. De mon côté, après 2 essais, j’observe une trajectoire qui présente une petite rampe d’élan. Il ne faut surtout pas se louper, mais je m’applique (avec l’énergie du désespéré !) et je réussis à vaincre cette n-ième difficulté dans un cri de douleur d’un moteur qui demande grâce !! Ensuite, c’est une alternance de pistes rapides sablonneuses et de grosses sections de fesh-fesh en quasi hors-piste…. Ca commence vraiment à gaver tous les motards ce fesh-fesh !! David Castera nous a vraiment livré une overdose de ces parties très piégeuses et toujours difficiles à négocier. Ensuite, les 2/3 de l’étape se composent de sable, et jusqu’à un champ de dunes de plus de 20 kms, ça fait vraiment très très long…. Comme depuis 2 ou 3 jours, je me retrouve à rouler pas mal de temps avec Hugo (le désormais célèbre Nantais au numéro 69 !!) et Sébastien (Un Breton qui pour sa première participation, est un crack). Comme on a à peu près le même rythme, tout se passe plutôt bien ; on se perd de vue un moment quand l’un se plante, puis on se retrouve sur le plantage d’un autre etc, on se rassure de se retrouver de temps en temps, signe que nous sommes dans le bon tempo. Sauf qu’à un moment, nos notes ne correspondent plus du tout. Les caps ne vont pas, et si je suis mes notes, je vise l’Océan Pacifique sur ma gauche ; Impossible, la distance n’y est pas. Je me retrouve un moment avec Hugo, on échange nos points de vue,…. On est paumés !! Mais nous ne sommes pas les seuls, une quinzaine de motos croisent un peu dans tous les sens au large. Après avoir jardiné pendant 20 bonnes minutes, on est rejoint par Sébastien, et c’est Hugo qui a « l’étincelle » ! « Dans le goulet du km 200-203, on a pris tout droit au lieu d’une gorge qui partait sur le cap 40 ». Bon, on va essayer… On remonte à l’envers nos traces, très vite rejoints par une bonne dizaine de motos qui cherchent « quelqu’un à amarrer » !! Après encore quelques plantages et environ 15 mn, super, on retrouve exactement notre erreur, et on tombe sur Juan Garcia en panne au pied d’une dune. Bravo Hugo, j’avoue que j’aurais tourné encore un bon moment avant de m’y retrouver. Ensuite, vers les 20 kms de l’arrivée, on croise un petit chemin très empierré au milieu des dunes molles mais un peu plus petites. Je fais l’erreur de m’y mettre pour plus de facilité mais je ne colle pas au road-book. Sur un coup de fatigue, en essayant de faire demi-tour pour retrouver mon repère, la moto m’échappe et vient « embrasser » la paroi relevée de la piste. Je m’en veux car c’est une chute bête et j’ai bien déformé mon carénage. Mais la fatigue est sûrement en cause. Bon, je vérifie, tout tient en place, bien tordu au niveau des fixations, mais je peux finir comme ça, sans mécaniquer sur place. Je finis cette étape de sable calmement, mais j’ai laissé pas mal de temps dans cette affaire.

Ce soir au bivouac de Nasca, je vais encore solliciter LOCTITE pour refaire mon carénage !! Je redresse la pâte de fixation, à l’ancienne ( !), je change l’agrafe, je ponce à la lime, et après un nouveau perçage de fixation, on peut dire que j’ai réparé l’affaire sans trop de temps laissé (moins d’une heure), c’est bien l’essentiel. Mais j’appréhende toujours la nuit, car je dors toujours aussi mal avec ces côtes qui ne me laisseront décidément jamais tranquille.