Etape 11 : Arica – Arequipa / 705 kms
Écrit par Stéphane Hamard   
18-01-2012

Ce matin, seulement 90 kms de liaison sur piste, et on attaque une piste style Nord Maroc ; Et au kilométre 5, j’arrive sur une zone inondée avec un public monstre !! Effectivement, on a du spectacle : Je compte environ 7 ou 8 motos immobilisées avec les pilotes affairés autour, les motos ont déjà bu la tasse…. Gaffe au passage. Un Péruvien me conseille de détourner la trajectoire et d’aller chercher un autre bras de rivière 50 mètres plus loin. Je suis son indication, je descends de la moto et passe 3 bras de rivière successifs avec de l’eau qui effleure la selle. Surtout ne pas faire caler la moto et progresser doucement en prenant le feeling des roues sur les cailloux cachés par ce courant fort. Ca passe, ouf, j’ai échappé à la séance mécanique, et en début d’étape comme ça, rien de pire pour le moral. On enchaîne ensuite des gros secteurs de hors-piste avec toujours le même sable très mou, noir en surface, et ocre en profondeur. C’est épuisant et les petites sections de pistes qu’on récupère parfois sont un vrai soulagement, pour l’effort, et pour les recalages road-book en même temps ! En fin de première portion, nous entrons dans une gorge géante ma-gni-fique, on est vraiment au cinéma. On descend sur 300 mètres et on arrive sur un rio inondé de 80 mètres à passer…. Problème ! Le courant est si fort que je me dis « ok, on est vraiment sur le Dakar ! On ne voit des trucs comme ça qu’avec eux !! » Je me mets en amont de la moto (on ne sait jamais, si ça tourne mal, je lâche tout et je sauve ma peau !) et commence à prendre le bain ( !!). Ca ne se passe pas si mal, mais les premières voitures arrivent en même temps, et c’est Peter avec sa BMW MINI qui fait le forcing. Heureusement, je suis presque sorti d’affaire, et c’est sur la montée de berge inondée et très glissante qu’il vient me percuter sur l’arrière droit. Rien de grave, il est passé, et je n’ai pas été déséquilibré, mais vite, il ne fait pas bon rester là.

Ensuite, neutralisation de 130 kms, avant d’attaquer une deuxième spéciale de 255 kms. Nous repartons dans l’ordre d’arrivée de la première ; Et au moment de me présenter à mon heure au départ, le commissaire me lance « Roma dans sa BMW MINI, il part 10 secondes derrière toi. Tu y vas ou tu attends qu’il parte devant toi ?? - Haha, à ton avis ? ». Bien évidemment, partir 10 secondes devant serait une véritable erreur d’orgueil !! Je me ferais reprendre immanquablement dans les 20 secondes qui suivent, avec tous les risques et surtout tout le nuage de poussière qu’il dégage, je perdrais bien plus !! Je le laisse donc filer, et prends mon départ dès que le nuage de poussière est légèrement décalé, et c’est parti pour cette spéciale un peu plus roulante que la première, avec des sections de fesh-fesh qui stressent et « repeignent » les pilotes de la tête au pied !

Aujourd’hui, c’est « étape marathon », c’est-à-dire que notre bivouac n’est accessible qu’aux seuls motards. Ainsi, leurs assistances ne seront pas disponibles pour la mécanique. Nous aurons tous un seul camion qui apportera de l’huile à volonté, des bacs de récupération, des bombes d’entretien, du papier essuie-tout. Ainsi, j’ai prévu hier soir d’apporter un filtre à air de rechange fixé dans mon carénage. Pour les outils, j’ai tout sur la moto, pas de problème.

Nous sommes accueillis dans un stade de foot, c’est plutôt confortable, ça contraste avec le sable omniprésent des autres bivouacs. On nous donne à chacun un kit dans le plus pur style Péruvien, pour la nuit. Un poncho, un bonnet, un chapeau, des savates en pneu, un kit toilette et une couverture chaude. On s’installe comme on peut sous 2 tentes énormes dressées sur la pelouse, ce qui nous permettra d’éviter la rosée de la nuit.