Etape 14 : Alxa Youqi - Bayan Hot
Écrit par Stéphane Hamard   
29-06-2008

Jeudi 27 Juin

C’est la journée la plus difficile du rallye. René Metge l’a annoncé hier soir au bivouac, cette étape de 590 Kms restera forcément dans les anales ! Il a d’ailleurs longtemps hésité lors des reconnaissances, vu qu’il a éprouvé pas mal de difficultés avec un 6x6. Il annonce même qu'il ne pense pas avoir beaucoup de véhicules à l'arrivée dans les temps le soir !!! Il s’agit de traverser le désert de Badain Jaran, avec ses dunes qui donnent le vertige. La spéciale commence directement par le franchissement de dunes, et c’est parti pour plus de 200 kms dans un sable particulier, très mou et avec des dénivelés impressionnants ; La plus haute atteint quand même 500 mètres !!

Des les premiers kilomètres, je double plusieurs pilotes ensablés et déjà fatigués de relever la moto. Dans mon état, je sais que je dois être particulièrement vigilant, il ne faut donc pas se louper ! Après une vingtaine de kms, j’arrive sur un lac au milieu des dunes !! INCROYABLE ! Le sable vient se jeter dans l’eau, c’est vraiment magnifique ! Et ces décors inouïs, nous les reverrons plusieurs fois dans la journée. L’orientation ne me pose pas trop de problème dans cette immensité de sable, puisqu’il s’agit de « faire sa route » en maintenant un cap moyen, pour sortir au final « comme on peut 200 kms plus loin ! ». Et comme annoncé, l’épreuve du jour est carrément de la folie. Des dunes monstrueuses et molles toute la journée. Sur une dune, je m’y suis repris à 4 fois avant de pouvoir la passer, je ne me rappelle pas d’une telle difficulté. Au km 100, alors que je viens de me tanker dans le sommet d’une dune spectaculaire, je décide de m’arrêter un peu pour souffler, manger et boire, car je ne me vois pas finir la journée comme ça. Ainsi, à l’ombre de la moto qui est restée à 1 mètre du sommet, je ne me soucie pas du chrono, et profite de reprendre des forces en profitant du décor de rêve qui s’offre à moi. De toutes façons, je ne vois pas qui pourrait enfiler cette spéciale d’un trait tellement c’est éprouvant. Pour encore ajouter de l'exceptionnel s'il en était besoin (!!), il pleut dans le désert sur ma fin de spéciale, c'est de la folie ! Finalement, après de nombreux plantages, je vois le bout de cet enfer, et sors enfin de ce piège, mort de fatigue ! A l’arrivée, le gouverneur de la province me remet un certificat comme quoi j’ai vaincu « son » désert ! C’est la première fois que des hommes le traversent à moto, et sûrement la dernière puisque le site sera classé dans les semaines à venir par l’Unesco, et donc deviendra inaccessible. Encore une performance de René de nous avoir permis de vivre ça. Mais c’est un tel calvaire que je ne suis pas sûr qu’on soit reconnaissant ! Et pas mal de concurrents vont y passer la nuit…