Premier Réunionnais à Dakar
Il l’a fait ! Stéphane Hamard a franchi hier la ligne d’arrivée du Dakar 2007. Sans assistance de surcroît ! Se classant à une superbe 73e place au général, le motard Saint-Gillois a porté haut les couleurs de son team “La Réunion au Dakar”. Le dossard 126 a réalisé son rêve le plus cher : terminer le mythique rallye. Des débuts difficiles au Portugal, une traversée du Maroc sans problème, des galères dans le désert de Mauritanie, puis l’angoisse en arrivant en Afrique noire... Stéphane Hamard est passé par tous les états sur les pistes de l’épreuve. Chapeau bas pour le pilote du 974, seul rescapé des trois concurrents des DOM.
article paru dans le JIR
“Mangi fi rek” (je vais bien en wolof)... Les premiers mots de Stéphane
Hamard en franchissant la ligne d’arrivée, hier sur les bords du Lac
Rose De Dakar, ont été pour sa femme. Histoire de la rassurer. Histoire
aussi de lui dire que l’aventure est terminée. Une épopée difficile
entamée il y a plus de six mois qui s’est achevée, au bout de l’effort
et du rêve, en terre africaine.
Lorsqu’en septembre dernier, le pilote Saint-Gillois est parti en
campagne pour retrouver les pistes du légendaire rallye-raid, au guidon
d’une moto immatriculée 974, le moral était au beau fixe. Pourtant la
préparation de son second engagement ne fut pas chose facile au niveau
partenariat. Sur le plan technique, il s’est préparé en disputant les
six jours internationaux de l’enduro en Nouvelle-Zélande. De façon
prémonitoire peut-être, il devait être le seul rescapé de son équipe,
tout comme il fut le seul des trois domiens, hier, à franchir la ligne
d’arrivée à Dakar !
Même si le parcours 2007 était semblable à celui qu’il a connu l’an
passé, les difficultés, elles, sont apparues immédiatement dès les
vérifications techniques et administratives à Lisbonne le 5 janvier...
Sans assistance, Stéphane Hamard devait mettre en conformité sa moto au
niveau des instruments de navigation malgré la préparation de sa KTM
660 par son mentor et ami garagiste Marcel l’Africain. Malgré quelques
frissons, le McGyver de la Réunion pouvait prendre le départ au guidon
de sa machine en catégorie marathon ainsi que dans le trophée “des
malles moto”, celui des 30 motards qui voyagent juste avec leur malle...
Frayeur à Atar pour Hamard
Mais ce rallye-raid est monstrueux. Le sable de la
première étape et des difficultés logistiques mettaient à mal le moral
de Stéphane qui galérait jusqu’à Malaga (118e et 109e au général).
L’arrivée au Maroc redonnait du “peps” au Saint-Gillois qui remontait
déjà à une belle 85e place au général grâce à de bons choix de
navigation. Dans les montagnes de l’Atlas en direction de Ouarzazate et
de Tan Tan, Hamard vivait de grands moments de pilotage sur une moto
très fiable malgré une mousse fondue vite réparée. Après l’étape 6, la plus
longue de l’épreuve en kilomètres, entre Tan Tan et Zouerat en
Mauritanie, avec la fameuse traversée en liaison de 414 km à travers le
Sahara Occidental, Stéphane pointait à la 74e place du général moto.
La Mauritanie, avec ses six étapes de sable, était le juge de paix de
l’épreuve en terme de navigation extrême. “En Mauritanie, on est dans
la phase survie du rallye. Il faut être très prudent et économiser
l’eau. La sortie de ce pays est un véritable soulagement, même si le
plus dur n’est pas encore fait” indiquait Stéphane Hamard avant la
course. Il ne croyait pas si bien dire... Lors de cette 7e étape, le
Saint-Gillois allait passer plus de 14 heures sur sa moto avec une
lourde chute en prime. Une vraie galère !
La journée de repos du 13 janvier tomba donc à point nommé. Mais le
Réunionnais est un battant. Serrant les dents, ne se perdant pas dans
les dunes et le fech fech, profitant aussi de la robustesse de sa
“katoch”, il continuait cap au sud tandis que le Martiniquais
Jean-Joseph abandonnait entre Tichit et Nema. À l’approche du Sénégal,
Stéphane Hamard portait donc seul les couleurs des DOM.
Ce retour à la civilisation sur des pistes en latérite dans la savane
était vécu comme un soulagement. “Les pistes sont plus roulantes mais
je dois faire très attention car c’est ici que j’ai abandonné l’an
dernier. J’ai tellement envie d’arriver au Lac Rose”. Et il l’a fait !
Hamard a rallié Dakar, seul et au courage. Sans nul doute, l’un des
exploits sportifs de ce début d’année à la Réunion.
Les “grigris” du marabout...
Stéphane Hamard a vaincu le désert, traversé une tempête de sable sans
instruments de navigation, surmonté la douleur de ses chutes, mais
aussi lutter contre le sort... L’an dernier, il abandonnait lors de la
13e étape, un vendredi 13 janvier pour son 13e rallye-raid, un comble !
Du coup avant d’atteindre Tambacouda au Sénégal, il a eu l’idée de
rencontrer, à Kayes, un “désenvoûteur” afin de chasser le mauvais œil.
Au matin de cette étape, il passa donc chez un marabout malien
conseillé lors d’une rencontre improbable dans le bivouac.
Incantations, cailloux magiques, tout y est passé au point de (presque)
convaincre Stéphane, le cartésien. Et pourtant, à peine quitté Kayes,
un problème de rayon manquait de peu de le faire abandonner... Mais la
chance lui souriait avec un villageois détenteur d’une clé à rayon...
Deux chutes plus loin, Stéphane continuait et parvenait à l’arrivée de
l’étape malgré tout. Deux jours plus tard, c’est l’arrivée à Dakar. A
toute vitesse sur le sable du Lac Rose, le Saint-Gillois file vers
l’arrivée tant attendue. Un gros trou dans le sable manque de le faire
chuter... Par miracle il parvient à garder encore une fois l’équilibre.
Merci marabout !
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