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Dakar 2006 Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Stéphane Hamard   
11-05-2006

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Ma première participation au mythique DAKAR restera à jamais comme un super événement, non seulement dans mon parcours sport moto, mais tout simplement dans ma vie...

 

 "Faire vibrer ceux qui partent, faire rêver ceux qui restent..." Thierry SABINE, fondateur.

 

 

 

 

Ceux qui l'on vécu me le racontaient depuis 25 ans, et j'ai pu le vérifier en direct: "le Dakar, tu verras, tu n'en sortiras pas intact !" Et c'est bien vrai : tout d'abord, on plonge dans l'ambiance si particulière des vérifications, techniques et administratives, où se côtoient tous les organisateurs, les concurrents anonymes, les concurrents vedettes, les journalistes, les spectateurs, bref, tous les passionnés attirés par le mythe.

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  Ensuite, sitôt le départ donné, on passe déjà un cap, on se dit qu'enfin, ça y est, on est vraiment acteur. De nombreux souvenirs se bousculent dans ma tête, je retrace un peu tout ce que j'ai fait et vécu pour en arriver à ce jour tant rêvé. Je savoure.
Passé ce petit moment, je replonge tout de suite dans la concentration de la course; il ne faut pas se disperser et mettre tout en l'air tout de suite !
Puis les repères de la course de rallye-raid se remettent en place; Concentration sur le pilotage, attention pointue sur le road-book, vigilance extrême sur la mécanique, tout est en place pour affronter les nombreuses difficultés qui m'attendent. Et des difficultés, c'est ok, on est servi. Le Dakar, c'est vraiment l'épreuve extrême ! Le réveil à des heures pas possibles (parfois 00h30), le froid glacial du matin qui contraste avec la chaleur étouffante de l'après-midi, des distances à n'en plus finir, de la navigation délicate permanente sans répit, des difficultés de franchissements etc etc; Bref, ne pas oublier tout ce que vous avez vécu et appris sur les autres "petits" rallyes, et multiplier le tout par x...
Mais le bonheur et l'enthousiasme de vivre quelquechose de très grand prend le dessus, et l'Aventure est exaltante et fait oublier digérer toutes les difficultés. Et puis le goût de l'effort et le dépassement de soi est tellement enrichissant.
Pendant 2 semaines, j'ai vécu un rêve, je me suis enivré de paysages à vous couper le souffle, pris un plaisir fou à rouler dans de grands espaces inconnus et déserts, rencontré des personnages étonnants, et surtout je suis allé au bout de moi-même.

Et puis, sur ce 13ème rallye de mon parcours, en ce vendredi 13, sur la 13ème étape du Dakar,... le trou noir !
En effet, difficile de vous raconter pourquoi et comment : j'ai sûrement fait une grosse chute puisque j'ai perdu connaissance, et me suis réveillé en pleine brousse, au milieu de villageois, alors que l'on venait d'entrer au Sénégal. Je suis alors reparti un peu "groggy", mais j'ai vite réalisé que tout n'était pas "normal" : ça faisait "clong clong" dans l'épaule gauche. La souffrance est vite devenue terrible, mais j'en ai vu d'autres, d'autant plus qu'on touche au but ! ... Mais 22 kms plus loin, je suis à nouveau tombé, ne tenant plus du tout la moto dans les passages trialisants, et là, c'est le co-pilote d'un buggy qui vient me relever et m'enlever de la piste. Il faut se rendre à l'évidence, je suis livide, incapable de relever ma moto, à bout de forces, et il me reste 480 kms pour rejoindre le bivouac. Je reste là, affalé sur le bord de la piste, incapable de reprendre un peu de lucidité et accablé par la douleur. Le buggy a dû prévenir l'hélico, je l'entends arriver; beaucoup d'images se bousculent dans ma tête ....
Le médecin détecte plusieurs fractures sur la clavicule gauche et une épine dorsale : c'est fini !

"le Dakar, tu verras, tu n'en sortiras pas intact !"

 
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