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Le Dakar 2008 mort-né Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Stéphane Hamard   
05-01-2008

Arrivé aux aurores ce matin sur le site des vérifications techniques, après une nuit très courte, due aux innombrables documents et préparatifs que j'ai assurés avant de partir; Le compte à rebours est enclenché, et les minutes défilent vite; Mieux vaut être au point avant de partir, car une fois le départ lancé, c'est irréversible !

Je croise ce matin Marcel qui a la mine des mauvais jours. Il me confirme qu'au niveau de l'organisation, il a un "mauvais feeling" sur le déroulement des événements. Vous n'êtes pas sans ignorer que les infos sur des dangers en Afrique saharienne sont bien réelles depuis plusieurs semaines, et particulièrement depuis l'assassinat de 4 touristes Français en Mauritanie. Marcel me confirme que des observateurs avisés ont constaté par satellites des mouvements importants au nord de la Mauritanie et jusqu’au sud Marocain. La tension monte d’un cran.

Juste après mon admission au parc fermé vers 11h, je programme d’aller « faire ma malle avion », de préparer et sélectionner toutes les pièces de rechange et affaires dont je pourrai disposer chaque soir au bivouac. Il s’agit de bien réfléchir, de ne rien oublier, mais de ne prendre que l’essentiel, pas de superflu, la cantine n’est pas extensible !!

En sortant du parc fermé, je croise un ami de France Télévisions qui me raconte que ses collègues ont reçu l’ordre de stopper l’installation des équipements télé sur leur voiture. Le doute s’installe, on se pose beaucoup de questions…

Quelques minutes plus tard, de multiples panneaux fleurissent dans le village Dakar annonçant un briefing exceptionnel à 12h. Pas de doute, il se passe quelque chose de grave sur ce Dakar…

Je décide alors de ne pas m’occuper tout de suite de la malle, je préfère attendre des nouvelles officielles. La rumeur enfle sur le site. Les vérifications techniques continuent, mais on sent que le dynamisme et l’entrain n’y sont plus…

A midi donc, c’est dans un auditorium plein comme un œuf, et dans un silence de plomb, qu’Etienne LAVIGNE, Directeur de l’organisation du Dakar, annonce froidement que le Dakar 2008 est annulé, suite aux menaces directes émanant de groupes terroristes islamistes. Réellement choquée, toute l’assistance est plongée dans le désarroi, sans un bruit.

 


 

 Je vois les larmes couler chez Franz VERHOEVEN, l’émotion chez tous les concurrents est palpable. Ainsi, à cause de quelques dangereux extrémistes, le Dakar 2008 ne partira pas. Mais il n’offrira pas aux islamistes radicaux la vitrine médiatique qu’ils espéraient. Malheureusement, cette annulation plonge beaucoup de teams dans le doute : Une telle annulation entraînera beaucoup de dégâts dans certaines équipes qui ont investi des sommes colossales pour préparer ce rallye. Un nombre important d’emplois dans le secteur est remis en cause, beaucoup de personnes travaillent à l’année sur cet événement sportif. L’annulation signifie pour eux la faillite. Malheureusement, le choc le plus dur à encaisser sera pour la grande majorité des Africains qui attendent avec impatience le passage du rallye. Ces populations ô combien accueillantes et enthousiastes seront touchées par cet arrêt. La caravane du Dakar, composée en très grande majorité par des « amoureux de l’Afrique » entraîne plus de 800 emplois directs ou indirects en Afrique – plus de la moitié des denrées alimentaires consommées sur les bivouacs sont des produits locaux – la sécurité et le nettoyage des bivouacs sont assurées par des entreprises locales – l’image du Dakar a entraîné le développement de nombreux circuits touristiques dans le désert – bon nombre de concurrents reviennent tout au long de l’année en Afrique, hors rallye – le passage de la caravane de près de 3000 personnes dynamise considérablement les économies locales – de nombreuses actions humanitaires accompagnent le Dakar, et ceci tout au long de l’année etc…
J’ai entendu plusieurs fois la même réflexion dans la foule, après le si peu de recul que nous avons à l’heure actuelle : « s’ils ne veulent plus de nous, nous irons ailleurs »… Et les pistes sont nombreuses…

Malheureusement, malgré le rendez-vous donné en 2009 par Etienne LAVIGNE, j’ai le sentiment qu’aujourd’hui, une page importante s’est tournée sur le Dakar, la magie n’y est plus. Et c’est bien ce peuple Africain si attachant qui risque de pâtir le plus de l’action des terroristes islamistes.

 

Et voilà, le fête est finie sans même avoir commencé, tous les participants se séparent et repartent, frustrés.

 



 

 
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